Un regard de coach et ancien fumeur sur la clope, sa fonction dans la vie d’une personne, et le(s) chemin(s) possible(s) pour s’en libérer.
(c) Matt Nelson
Je suis très fan du photolangage. Cette pratique qui consiste à s’appuyer sur l’image pour explorer notre rapport à un sujet, une interrogation, un blocage… En passant par le champ symbolique, elle révèle des indices précieux sur notre univers intérieur, que le cerveau analytique ne saurait décrire ni même percevoir.
A force de l’utiliser en coaching, en facilitation d’équipes et aussi pour moi-même, je découvre tout le temps de nouveaux angles d’approche qui font parfois des merveilles. J’en partage trois ci-dessous. Peut-être que ça vous aidera la prochaine fois que vous ou votre équipe sècherez sur un sujet.
Avant de commencer, je précise que j’utilise les cartes Dixit. Si vous ne connaissez pas, c’est visuellement très riche, et ça ressemble à ça.
C’est un de mes “tricks” favoris. La personne coachée s’exprime autour de la même image en début puis en fin de séance, et on mesure l’écart.
Concrètement, je l’invite à formuler son objectif pour la séance puis à tirer trois cartes au hasard. Après les avoir rapidement observées, elle choisit celle qui lui évoque le plus le dit objectif. Je lui pose alors une question simple comme “en quoi cette carte parle de ton sujet du jour ?”.
L’exploration qui en découle peut bien sûr révéler des points d’appui précieux pour construire la séance. J’aime surtout la voir comme un point de référence sur l’état intérieur de la personne face à son sujet.
En fin de travail, je lui présente à nouveau la carte en questionnant ce qui a changé. Et c’est fascinant de voir à quel point les perceptions bougent. Un nouvel élément qui apparait. Une couleur qui prend plus ou moins de place qu’avant. Un symbole qui change totalement de signification.
C’est un baromètre précieux à la fois pour la personne et pour moi.
Celle-ci je l’ai découverte par hasard. A la base, l’intention était simplement d’utiliser l’image pour faciliter la météo de clôture d’un atelier d’équipe (cet espace où chacun partage comment il a vécu la journée).
A l’approche de la fin de l’atelier, chaque membre de l’équipe tire une carte au hasard avant de me la remettre, sans la regarder. Je dispose l’ensemble des cartes piochées sur une table, face découverte, et j’invite chacun à en choisir une qui lui servira de point d’appui pour sa météo de fin. Chaque image ne peut être utilisée qu’une fois donc, premier arrivé premier servi.
Le hic : une fois le groupe réuni en cercle, plusieurs personnes se disent insatisfaites de leur carte. Elles vivent une forte dissonance entre ce qu’elles souhaitent exprimer et ce que leur carte montre.
Il est même arrivé que ça révèle une forme de malaise généralisé, dû à l’envie forte de partager de la joie et du positif en ayant pourtant tiré essentiellement des images à totalité très sombre.
Ca m’a appris à nommer cette dissonance et à la questionner. Lorsqu’elle se présente, je la valorise tout autant que ce qui est dit explicitement. Elle contient parfois l’information que personne n’ose partager mais que tout le monde a besoin d’entendre.
Je me construis en ce moment un nouveau site internet. Ca me remet face à certains sujets épineux que je me traîne depuis des lustres, comme l’affinage de mon positionnement par exemple.
Fatigué de toujours butter sur les mêmes questionnements, j’ai eu envie de décaler le regard. Et comme j’aime bien utiliser les outils que je propose à mes clients, j’ai décidé d’interroger les images.
Je me suis connecté à la question suivante : qu’est-ce que j’ai besoin de savoir maintenant pour faire avancer mon site ? Puis j’ai tiré trois cartes au hasard. Après les avoir observées quelques secondes, j’en ai choisi une (voir ci-dessous). Puis j’ai simplement fait ce que je propose en séance : j’ai écrit ce qui me venait naturellement en regardant la carte.
Voilà le texte qui est sorti. Je vous le partage sans filtre parce que c’est tout le point de l’exercice.
Je vois un homme qui avance en regardant vers le sol. Il est habillé en forçat et tire une boule de prison attachée à son pied. Il a le dos courbé. Il semble abattu dans son expression corporelle, mais son visage exprime plutôt de la colère. Il marche sur une longue pellicule de film. Il est en tête d’une file de plusieurs personnages qui m’évoquent davantage l’imaginaire. Un genre de E.T. le suit directement, puis un couple habillé comme dans un film des années 50, puis un gorille. On distingue la structure de la pellicule au loin.
Ce que ça m’évoque.
Quel est le film que mon client se raconte sur sa vie ? Quel personnage se crée-t-il ? Le film est un écran qui le protège de la réalité. S’il regarde attentivement, il peut distinguer que c’est un film. Il peut réclamer son rôle de créateur et d’observateur de son personnage. A quel point est-il pris dans le personnage ? A quel point ça lui sert de se raconter qu’il est un forçat, ou E.T., ou un couple des années 50 ? Qu’y a-t-il en dessous ? Et comment y accéder ? Comment relever la tête et se regarder en face ? Comment se libérer de ce boulet qui le freine et le déprime ?
Je vois un dirigeant (il dirige la file) mais qui tire aussi son boulet. C’est pas parce qu’on dirige qu’on n’a pas de bagage. On peut diriger et se sentir abattu et en colère et victime au fond. On peut avoir l’impression de se tirer un boulet quand on est à la tête d’une entreprise. On peut aussi être complètement désaligné : une posture corporelle en dissonance avec l’expression du visage, avec l’histoire qu’on se raconte, avec le rôle que l’on incarne au sein de l’entreprise. Ca diffuse quoi dans une équipe, un dirigeant qui se sent forçat ou victime ? Qui a les épaules rentrées et une expression de colère sur le visage ? Ca diffuse quoi un dirigeant qui regarde au sol ?
Sans entrer dans le détail de ce que ça a révélé, ça m’a permis par exemple de voir que je me soucie particulièrement des dirigeants, et d’assumer que c’est pour moi un public essentiel. Possible aussi que ce projet de site et les questionnements qui l’entourent me pèsent un peu 🙂
Un aspect fascinant du photolangage, c’est l’infinité des approches disponibles. C’est un langage après tout. Ce qu’on en fait dépend de la sensibilité de chacun, de notre angle de vue, de notre niveau de conscience… Les trois pistes que je vous ai partagées ici sont le fruit de mes expérimentations et un reflet de qui je suis aujourd’hui. Elles font régulièrement leurs preuves. Je ne doute par qu’elles évolueront et s’enrichiront avec le temps. J’espère en tout cas qu’elles vous seront utiles.
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