
Une analyse psychologique de la série The Flight Attendant (saison 1) et du chemin de guérison intérieure de son personnage principal.
(c) Ali Kokab
Il y a une chose que certains militants oublient. Quand je l’ai découverte, tout a changé pour moi. Je parle de l’endroit intérieur depuis lequel je militais. D’où ça partait, au fond.
Sans conscience de cet endroit, je crois que l’action sociétale peut vite devenir contre-productive, et renforcer le sujet même que l’on essaie de transformer.
C’est bien de ça dont il s’agit quand on parle de militer non ? Transformer la société. “Faire bouger les lignes”.
D’où vient cette urgence de changer le monde ? Souvent d’une peur, d’une colère, d’une indignation.
C’était mon truc ça, l’indignation.
J’étais indigné par les rapports de pouvoir. Les systèmes hiérarchiques pyramidaux et les boss autoritaires notamment. J’ai mis beaucoup d’énergie à changer ça dans les entreprises, en y installant des systèmes de gouvernance collaborative que je considérais comme LA solution. Tout était clair pour moi. Je faisais partie des gentils.
Il m’a fallu traverser une expérience très dure et écrire un mémoire de coaching sur le pouvoir pour comprendre que le sujet m’appartenait. Que ce qui m’indignait autant à l’extérieur était simplement un reflet de l’intérieur. Une part de moi qui ne collait pas avec le personnage que je m’étais créé et que je refusais de reconnaître comme mienne.
Une part qui ne savait que s’écraser ou écraser.
J’étais tellement peu connecté à mon autorité intérieure que je laissais aux autres un pouvoir immense sur moi. Leur jugement, leurs désirs, leurs demandes… Je me fondais dedans jusqu’à me perdre. Alors dans l’ombre, je trouvais des stratégies pour remettre de l’équilibre. J’adoptais une posture presque tyrannique parfois. J’étais à la fois le méchant boss autoritaire et le pauvre petit employé sans défense.
Mais alors, qu’est-ce qui se passe quand on milite pour un monde sans rapports de pouvoir sans voir que l’on opère soi-même en mode pouvoir ?
Des injonctions paradoxales.
Au même moment, on prône un fonctionnement tout en incarnant son exact opposé. Forcer les gens à être libres et responsables. Aider des managers à partager le pouvoir pour mieux servir le leur. Sauver la pauvre équipe victime du méchant boss et nourrir des triangles de pouvoir au sein de l’organisation. Tout ça sans le voir bien sûr.
Un jour j’ai vu. J’ai vu que je voulais guérir le monde de mes propres maux. Et quelque chose a bougé. J’ai lâché mon dogmatisme. J’ai cessé de forcer la gouvernance partagée partout sur mon passage. Et surtout, je me suis engagé à consolider mon autorité intérieure.
Il était en moi, ce monde sans rapports de pouvoir que je cherchais tant. Pour le manifester à l’extérieur, je devais d’abord le trouver à l’intérieur.
Je crois d’ailleurs que mon véritable impact a commencé à ce moment-là. Quand j’ai fait la paix avec le besoin viscéral d’en avoir.
Ce chemin parle avant tout de moi bien sûr.
J’en garde néanmoins la croyance que militer pour réparer une blessure non guérie et non vue est une voie trompeuse. Une voie sur laquelle on perpétue inconsciemment ce que l’on fuit. Et je l’observe souvent.
Je ne parle pas ici de stopper toute action bien sûr. Ni même de lâcher cette urgence guerrière à faire entendre raison au monde. Elle est peut-être profondément juste pour vous. J’invite simplement à la questionner.
Suis-je bien connecté(e) intérieurement à ce que je souhaite apporter à l’extérieur ?
Cheminer honnêtement avec cette question ne peut que renforcer la puissance de votre action. En vous assurant d’oeuvrer sans vous leurrer vous-même, et de pouvoir soutenir sans prendre en otage. C’est parfois juste ça que le monde attend pour commencer à bouger. Un mouvement de retour vers soi.
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